Les chats (Jacques Sternberg)

On s’était si souvent demandé, et depuis longtemps, à quoi les chats pouvaient bien penser.

Tapis au plus profond de leur solitude, enroulés autour de leur chaleur, comme rejetés dans une autre dimension, distants, méprisants, ils avaient l’air de penser, certes.

Mais à quoi ?

A gente se havia perguntado tantas vezes em que os gatos poderiam pensar.

Recolhidos no mais profundo de sua solidão, enrolados em volta de seu calor, como alienados em outra dimensão, distantes, desdenhosos, eles pareciam estar pensando, com certeza.

Mas em que?

Les hommes ne l’apprirent qu’assez tard. Au XXIe siècle seulement.

Au début de ce siècle, en effet, on constata avec quelque étonnement que plus aucun chat ne miaulait. Les chats s’étaient tus. On n’en fit pas un drame. En fin de compte, les chats n’avaient jamais été tellement bavards : sans doute ne trouvaient-ils vraiment plus rien à dire à présent.

Os homens só o descobriram mais tarde. No século 21 somente.

De fato, no início deste século, constatou-se com alguma surpresa que nenhum gato miava mais. Os gatos haviam se calado. Não foi um drama. Afinal de contas, os gatos nunca haviam sido tão tagarelas: sem dúvida não achavam mais nada a dizer agora.

Puis, plus tard, on releva un autre fait.

Plus singulier celui-là, beaucoup plus singulier : les chats ne mouraient plus.

Quelques-uns mouraient évidemment par accident, écrasés par un véhicule, le plus souvent; ou emportés en bas âge par quelque maladie purement pernicieuse. Mais les autres évitaient la mort, lui échappaient, comme si cette fatale échéance n’avait plus existé pour eux.

Cette énigme, personne ne la perça jamais.

Depois, mais tarde, notou-se um outro fato.

Mais estranho esse, muito mais estranho: os gatos não morriam mais.

Evidentemente, alguns morriam por acidente, na maior  parte das vezes, atropelados por um veículo; ou levados ainda filhotes por alguma doença puramente perniciosa. Mas os outros evitavam a morte, escapavam dela, como se esse vencimento fatal não existisse mais para eles.

Esse enigma, ninguém nunca solucionou.

Leur secret était simple, pourtant. Les chats depuis qu‘ils vivaient sur terre, n’étaient jamais sortis de leur indolence native pour accomplir, comme les hommes, mille petits tours savants. Ils avaient toujours laissé les hommes s’occuper de leur sort, leur procurer la nourriture, le confort et la chaleur artificielle. Eux, libérés de tout, avaient toujours vécu dans une sorte d’hibernation idéale, bien dosée, parfaitement mise au point, ne songeant qu’à mieux se concentrer, douillettement lovés dans leur bien-être.

Seu segredo era simples, contudo. Os gatos, desde que viviam na terra, nunca haviam saído de sua indolência nativa para empreender, como os homens, mil truques sabidos. Eles sempre haviam deixado os homens cuidarem de sua sorte, arranjarem-lhes a comida, o conforto e o calor artificial. Eles, liberados de tudo, haviam sempre vivido em um tipo de hibernação ideal, bem dosada, perfeitamente preparada, só pensando em melhor se concentrar, confortavelmente instalados em seu bem estar.

Les chats avaient eu beaucoup de temps pour penser. Ils avaient beaucoup pensé. Mais alors que les hommes pensaient à tort et à travers, au superflu de préférence, les chats, eux, n’avaient pensé qu’à l’essentiel, sans cesse, sans se laisser distraire. Ils n’avaient médité, inlassablement, au cours des siècles, qu’un seul problème.

Et à force d‘y penser, ils l’avaient résolu.

Os gatos haviam tido muito tempo para pensar. Eles tinham pensado muito. Mas enquanto os homens pensavam a torto e a direito, no supérfluo de preferência, eles, os gatos, só haviam pensado no essencial, sem parar, sem se deixar distrair. Eles haviam meditado, incansavelmente ao longo de séculos, um só problema.

E de tanto pensar nele, o haviam resolvido.